"Une salle à manger de petit hôtel montagnard, après deux mois de saison, justifie à merveille la zoologie unanimiste de Jules Romain. Jamais on ne se sent plus étranger que lorsqu'on pénètre ainsi à l'improviste dans une petite communauté qui demain se défera, mais est devenue pour quelques semaines étroitement solidaire dans sa lutte contre le même ennui. Michel avait flairé dès la porte une de ses bêtes noires, le bourgeois en vacances. Quand l'univers est à découvrir, quand il y a l'Espagne, le Spitzberg, la Grèce, quand les fresques d'Italie et les aurores boréales sont à la portée d'un étudiant économe, ce bestiau vient s'entasser pendant deux mois entre les mules et les vaches d'un hameau perdu, sans même y être contraint par l'état de ses poumons, par simple absence d'imagination. (...)"
Lucien Rebatet, Les deux étendards, Gallimard, 1951, p. 581 .