Ou pourquoi (et à quel point) Christophe Barbier est un pâle haricot-vert.
L'honnête homme démissionnera de son ridicule emploi chez Moltonel, s'inscrira au chômage et se consacrera à temps complet à la littérature de Georges Perec. L'extrait ci-après, sans contredit, devrait suffire à l'y pousser.
L'Express était sans doute l'hebdomadaire dont ils faisaient le plus grand cas. Ils ne l'aimaient guère, à vrai dire, mais ils l'achetaient, ou, en tout cas, l'empruntant chez l'un ou chez l'autre, le lisaient régulièrement, et même, ils l'avouaient, ils en conservaient fréquemment de vieux numéros. Il leur arrivait plus que souvent de n'être pas d'accord avec sa ligne politique (un jour de saine colère, ils avaient écrit un court pamphlet sur "le style du Lieutenant") et ils préféraient de loin les analyses du Monde, auquel ils étaient unanimement fidèles, ou même les prises de position de Libération, qu'ils avaient tendance à trouver sympathique. Mais l'Express, et lui seul, correspondait à leur art de vivre ; ils retrouvaient en lui, chaque semaine, même s'ils pouvaient à bon droit les juger travesties et dénaturées, les préoccupations les plus courantes de leur vie de tous les jours.
Georges Perec, Les choses, Julliard, 1965, p. 45 .